Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute éventualité, s’ébranle et se propage dans l’espace, semblable au vaisseau bien gréé qui prend le large. Mais alors, chacun n’a plus qu’à marcher sur son étroit ruban de sable, en suivant celui qui est devant lui, sur cet étroit ruban de sable qui est la vie, flanqué de part et d’autre par le désert, où est la mort par la soif. Le guide fonce droit sur le puits, puisqu’il n’y a pas d’autre chemin que celui qu’il fait. Aux autres de le suivre et de se coller à son ombre. Maxence, lui, se repose. Tout est déclanché, il n’a plus rien à faire, sinon à regarder ce beau monde qui s’écoule à ses pieds en grandes vagues profondes et sérieuses.

Singulièrement calme et sûr de lui est Maxence dans cette plaine qui se consume sous l’étreinte majestueuse des flammes solaires. Le voici maintenant, couché sur sa natte et fumant sa pipe en silence, au premier soir. Il goûte à plein le vertige