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donc ne la salue-t-il pas, celle qui est souffrante comme lui, celle qui gémit dans le vent des malédictions, comme lui-même il a gémi dans le vent de la douleur ? Elle a dit : « Cette terre d’Afrique est à moi, et je la donne à mes enfants. Elle n’est pas à ces pauvres gens, à ces bergers, à ces gardeurs de chameaux. Elle est à moi, elle n’est pas à ces esclaves, elle est à mes fils, afin qu’ils m’honorent davantage. »

« Elle est à moi. » — Maxence sait entendre ce langage. Il est le maître. Il sait bien qu’il ne doit pas laisser trop de lui-même dans ces parages. Celui qui est riche emprunte-t-il à celui qui n’a pour toute fortune qu’un petit mouton ? Il est le maître de la terre. Le maître va-t-il demander des conseils au domestique ? Il est l’envoyé d’un peuple qui sait bien ce que vaut le sang des martyrs. Il sait bien ce que c’est que de mourir pour une idée.