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Il valait mieux que les Maures. Il valait mieux que lui-même. Lui, le misérable homme sans nulle étoile, ce dérisoire Maxence, il valait mieux que le Djilani lui-même, avec toute sa vertu. Et voici qu’un jeune Maure l’avertissait de sa grandeur, et, d’un mot, dénouait les chaînes de la captivité !

« L’encre des savants est plus agréable à Dieu que le sang des martyrs. » Il faut que l’abaissement du voisin nous avertisse de notre propre élévation. Alors, touchant certains bas-fonds, nous faisons comme le plongeur pris dans les algues, et qui donne un vigoureux coup de pied pour remonter, vertical, les bras tendus, vers la lumière du monde. Tel Maxence : il a bien pu les admirer, ces Maures, dont la vie intérieure a la saveur étrange et douce d’un fruit sauvage. Mais aujourd’hui, il n’a plus qu’une grande pitié et ce sont de lamentables victimes qui l’en-