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V

Ce qui peut paraître déplaisant chez un homme comme Nangès, c’est qu’il ne prend pas l’amour très au sérieux, une si belle chose, et tant vantée par les poètes et par tous, une affaire si importante, enfin. La maîtresse qu’il avait choisie était une jolie femme, et qui ne manquait pas de lectures. Généralement, pourtant, il s’ennuyait entre ses bras. Ainsi, pendant près de trois ans, avait vivoté une liaison qui, pour avoir manqué d’excès, n’en avait pas été pour cela totalement dépourvue d’un charme paisible et d’habitude. Timothée n’avait nulle envie de tenter une nouvelle aventure, et c’est là où il apparaît qu’il ne respectait pas grand’chose. Car les aventures prouvent le respect de l’amour, et leur diversité même une certaine unité du cœur. Il se contentait de ce bonheur coulé, glissé, sans parties rugueuses, comme aussi sans ornements.