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tachée à mille méditations qui étaient la trame quotidienne de sa vie, mais au hasard, par associations d’idées souvent ténues, et cependant formant bien une trame, un tissu, avec croisements et entrecroisements de fils, — plutôt des recoupements que des associations d’idées.

Un jour, à Paris, Nangès alla voir un de ses cousins nommé Grandier qui était capitaine aux batteries à cheval de l’École militaire. Il le trouva au quartier, en train d’examiner un demi-sang que tenait à la longe un canonnier. C’était l’heure du pansage. Des gars puissants, eux bras nus et sains, passaient l’étrille sur les croupes énormes et luisantes des chevaux. D’autres les frottaient vigoureusement avec cette brosse de chiendent, communément appelée « bouchon » dans l’armée. Bêtes et gens donnaient une impression unie de solidité, de bonne « assiette », de confortable, si l’on peut dire.

— Vous avez là une troupe, dit Nangès, qui fait vraiment bonne impression.

— Ce sont presque tous des mineurs du Nord, dit Grandier.

…Le décor faisait beaucoup. Ces vieux bâti-