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à ce jeune audacieux l’ordre de mettre ses animaux au vert dans la région d’Idjil. Mais, ayant appris la présence d’une bande de dissidents un peu au nord de son terrain de parcours, le lieutenant était parti. Depuis plusieurs jours, Nangès était sans nouvelles de lui. Il résolut d’aller à sa rencontre.

Un clou chasse l’autre. Un jour chasse l’autre. Maurice ne pensait plus qu’à la joie de faire la guerre. Ce baptême du feu, qu’il attendait avec une impatience enfantine, c’était maintenant sa grande affaire. — Nangès, lui, était très ennuyé. En arrivant à Idjil, il recueillit, sur le nombre des dissidents, des bruits inquiétants. Des patrouilles envoyées dans l’Est recoupèrent les traces d’un razzi de cinquante à soixante chameaux se dirigeant vers le nord-est. Nangès franchit à toute allure l’espace désertique qui s’étend entre Idjil et le puits d’Anadjim. Le retour d’une patrouille partie de ce point, et qui avait entendu des coups de feu dans la direction de Zemmour, augmentait son inquiétude.

La peur se faisait sentir chez les guides et les bergers. L’un d’eux déserta au départ d’Anadjim. Le lendemain, sur la route de Zemmour,