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III


Notes de Maurice Vincent.

« Au nord de Gueltitor, la fauve chaleur nous engourdissait sur nos chameaux. Mais, le soir, une brise murmurante a circulé parmi les gommiers et nos yeux ont pu se poser sans fatigue sur l’immense cercle de l’horizon. Devant nous, nous apercevions les hautes silhouettes de nos guerriers maures, vêtus de bleu et enturbannés. Ils faisaient de vives découpures sur le ciel transparent comme une paroi de cristal rose.

« Depuis dix jours que nous avons quitté le fleuve et que, des rives du Sénégal, nous nous dirigeons vers les solitudes du nord, ce sont les mêmes aspects, les mêmes teintes du soir, dans des ciels pareils, les mêmes végétaux maigres dans la même plaine. On sent la terre altérée, — mais ce n’est pas de la terre, de la terre terreuse, la forte matière, épaisse et grasse qu’on appelle la terre, la chose vivante