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II

La veille de son départ pour Marseille, Maurice, qui venait de faire à Voulangis un morne adieu, arriva à Paris et se rendit à la place Vintimille où M. Monestier tenait ses quartiers d’hiver. On était aux premiers jours de novembre et un froid précoce avait hâté le retour du peintre vers son poêle.

Maurice écouta passer sur lui la tristesse de la grande ville déjà enveloppée de brume, inconnue pour lui, ardente et lugubre. Il lui sembla qu’elle sentait le départ, l’adieu, le voyage. C’était un grand lieu de circulation, d’allées et venues, et partout il retrouvait la hâte fébrile des grandes gares. Dans le vaste atelier qu’occupait M. Monestier, cette impression ne le quitta point. C’était une grande pièce ornée d’une cheminée monumentale, encombrée de divans, de meubles persans et orientaux, de cartons posés contre les murs. Mais elle ne semblait pas habitée. Le peintre