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Tant il est vrai qu’il n’est rien de plus comparable à un soldat qu’un soldat.

Ayant quitté le vieux D., le capitaine Nangès appela Vincent. Le jeune homme accourut et s’immobilisa devant son chef :

— Ah ! Vincent, passe donc demain matin à mon cantonnement, après la visite des chevaux. Je loge chez le curé, au bout de cette rue.

— Bien, mon capitaine.

Nangès rejoignit ses camarades, et le brigadier, entendant sonner six heures, songea à regagner sa grange, où l’attendait la gamelle.

Après le dîner, avalé debout près de la margelle d’un vieux puits, le doyen des canonniers de la pièce, un vieux médaillé militaire, lui dit :

— Allons, viens, petit. Je paie un jus ce soir.

Ils partirent dans la rue sombre. Des groupes passaient. Les cabarets jetaient des carrés de lumière vive sur la route pierreuse. Il soufflait un petit vent qui apportait les senteurs de la campagne proche, des relents de basse-cour, l’odeur de la nuit sur les glèbes. Maurice ne disait rien.

— Dis donc, brigadier, dit le vieux, tu