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française croisée, qui se déroulait, en une courbe harmonieuse, jusqu’au couchant du xixe siècle.

Ces hommes voulaient fonder la paix française dans ces terres lointaines, toujours soulevées de spasmes violents, de convulsions mystérieuses, balayées de passions obscures. Déjà ils se sentaient les envoyés de la patrie, et, en plein Paris moderne, écoutaient en eux les promesses de leur mission surnaturelle.

Et avec cela, ils organisaient froidement le pays des Maures à la romaine, parlaient d’« utilisation », d’« efficacité », de « résultats positifs ».

— Nous devons, disait le colonel, répondre à la mobilité des Maures par une égale mobilité. Nous devons, profitant des bons éléments que nous offre le pays, créer des troupes légères, entraînées, toujours en action. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons mettre nos détachements à l’abri des coups de main et assurer la protection des tribus soumises. Eh bien, mon cher Nangès, c’est précisément à l’organisation de cette police du désert que je compte employer vos services. Votre connaissance du méhari, vos longs séjours dans