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France demain, il partirait sous la double impression d’une heureuse liquidation sentimentale et d’une prise de contact réconfortante avec ses contemporains…

Le colonel Seillère était un homme jeune encore, et qui le paraissait. La moustache était noire et bourrue, la tête chauve, le maxillaire inférieur proéminent. Il s’arrangeait pour avoir une voix dure, tranchante, avec un léger bégaiement, une sorte d’hésitation avant certains mots qui était peut-être voulue, après tout.

Tout de suite, ils parlèrent du Sahara, et ce nom magique enveloppa Nangès de grandeur et de nostalgie :

— Les dernières opérations ont donné tout le résultat que l’on en attendait. Les tribus de l’Est se soumettent…

Le colonel, d’une voix claire, impérieuse, montra le travail qui restait à faire. Il disposait ses troupes dans l’immensité du désert. Il levait des pelotons de méharistes qui sillonnaient l’énorme territoire dont il devenait le maître. Il bâtissait des postes dans les profondeurs des sables, distribuait à chacun sa tâche. C’était la grande œuvre romaine et française qui se prolongeait, l’œuvre romaine césarienne,