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tions, des grandes défaites, de l’affaissement progressif et irrécusable des vieilles vertus, de l’abaissement des vieilles morales. Il aurait pu faire un honnête bourgeois, un bon jeune homme vertueux, dans la bonne moyenne des jeunes gens, c’est-à-dire suffisamment « avancé », comme tout le monde doit l’être décemment, suffisamment prudent, il aurait pu être tout cela, et il a suffi qu’un capitaine vînt lui parler de l’Afrique, il lui a suffi de savoir qu’il y avait quelquefois des gens qui tiraient de vrais coups de fusil, — pas pour rire, — pour qu’il accourût s’engager, et il a suffi de quelques mois pour apprendre à ce jeune homme tout ce qu’un soldat doit savoir, tout ce que Nangès lui-même savait, c’est-à-dire à commander et à obéir ! L’aventure était plaisante, le détour singulier !

Mais voici que le cas de notre petit Français devient une sorte de symbole, prend la valeur d’un fait historique. Voici que ce petit Français devient la France elle-même.

On maudissait la guerre. Jean-Jacques venait de nous apprendre l’amour des hommes, la Révolution venait de nous apprendre que les peuples sont libres et que la conquête est ini-