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cavaliers qui se hâtaient vers un horizon circulaire. C’était en Chine, ou au Soudan, ou ailleurs…

— À quoi sert tout ceci, dit-il lentement, et où veux-tu en venir ? Je suis las. Je m’en vais. Je ne veux plus de ton foyer. J’ai des chefs et des maîtres là-bas, que seuls j’écoute. Et ils me disent cela, et toi, tu es impuissant devant moi, et maintenant, tu ne peux plus rien empêcher.

Cet homme bon qu’était M. Vincent, ce libéral, ne goûtait pas beaucoup de telles révoltes. Il s’était arrêté dans sa promenade irritée. Sa figure osseuse, tiraillée de tics, apparut laide à Maurice, qui s’effraya d’une pensée aussi coupable.

— Eh bien donc, va-t’en, mon fils. Mais écoute bien ceci. Tant que tu persévéreras dans ton erreur, je ne te connaîtrai point et ne t’aiderai point. Va, je suis sûr qu’un jour ou l’autre, tu auras besoin de ton père. Ne compte pas sur ma bonté ce jour-là. Puisque tu as assez peu de cœur pour quitter le foyer paternel, j’attendrai, pour te rendre toute mon affection, que la raison te soit venue. Allons, au revoir, Maurice. Tache de réfléchir