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dissemblables, nullement alliées, comme le croit M. Vincent, nullement coalisées contre un ennemi commun, et non impliquées l’une dans l’autre, mais au contraire dissociées. Et pourtant, comme les deux signes se marient bien dans le ciel illuminé de Maurice, et comme tous les deux, il les aperçoit tout près l’un de l’autre, apparaissant tout seuls, et auréolés de surnaturels rayons !

C’est qu’il est une marque commune à toutes les mystiques, et cette marque est la recherche d’une haute passion qui nous ravisse hors de nous-mêmes, et nous contraigne de pleurer d’amour. Ici, il ne s’agit plus de l’économie des choses terrestres. Nous sommes embarqués dans deux grands voyages entrepris vers une morale, vers une foi, vers une certitude. Routes parallèles, non point convergentes comme le veut M. Vincent, mais éternellement l’une au-dessous de l’autre, et l’une étroite, l’autre large, mais toutes deux cheminant ensemble.

— Je n’y contredis pas, disait Maurice. Je t’accorde, si tu veux, que nos prières, à nous soldats, sont aussi vaines que celles des prêtres. Mais, telles qu’elles sont, je les préfère encore aux déductions des doctrines de raison et aux