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Le peloton était dur. Il ne faudrait pas voir, dans ces rudesses, le moindre caporalisme. Les chefs directs de Maurice étaient de vieux soldats qui forçaient l’admiration. Mais ils semblaient considérer ce temps d’apprentissage, non seulement comme une école des vertus militaires, mais encore comme une épreuve où l’on pût mesurer la valeur des âmes et voir si la trempe en était solide. Ainsi, perdus dans un coin du monde, à l’extrémité de la France, quelques hommes, ignorants du siècle, maintenaient encore un idéal particulier et s’enfermaient farouchement dans un rêve inactuel.

Nous ne suivrons pas Maurice Vincent pendant cette pénible étape. Les jours ressemblaient aux jours, tous faits de menus déboires, de petites joies. Le détail en importe peu. C’est la trame, c’est le tissu, l’ensemble du tableau qu’il faut voir. Ces mois d’étude — où il est si difficile de distinguer un jour et de repérer une date — étaient teints uniformément d’une belle couleur morale, sévère et sombre.

Pourtant, il était des fois où Vincent, au milieu de ses petites misères, s’assurait de la