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véritable attrait de la guerre : la curiosité…

Sur un signe de Nangès, la batterie s’élance à son tour vers son capitaine, plus rapide, un peu fiévreuse. À quelques pas de la crête, elle s’arrête. La manœuvre est brusque, silencieuse, impérieuse. Les servants se précipitent, séparent les trains. Maurice, surpris et novice, suit le mouvement. En un instant, les pièces sont en batterie, prêtes à tirer, les gueules tournées vers l’immense déroulement de la plaine. Lui, entraîné par les deux attelages qui l’encadrent, se retrouve dans le petit chemin où la batterie s’était arrêtée, mais plus haut, plus près de la crête. De loin, il entend la voix calme de Nangès :

— Chefs de section et pointeurs, sur moi !… Abattez !… Par la droite par batterie, correcteur 16…2000 !…

Quatre détonations, mais brèves, sans le prolongement, le sifflement aigu de l’obus Robin, aident à l’illusion. Nangès observe l’horizon, grand, droit, tel ces officiers, sur les tableaux de batailles d’autrefois, qui représentent, au premier plan, quelque état-major… Vincent l’imagine un instant dans les plaines de l’Est, sur le plateau de Gravelotte, sur les