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il une source de réflexions pour Nangès. À l’encontre de ceux qui aiment tout dans l’armée sauf les armes, cet homme d’expérience avait toujours placé sa mission d’instructeur fort au-dessus de sa mission d’éducateur. Il estimait que la plus saine éducation militaire était de connaître son métier, et nulle autre chose. — Pourtant voici qu’il s’occupe un peu de l’âme de Maurice Vincent, et qu’il s’inquiète des pensées intimes de ce néophyte. Mais c’est pour arriver dès les premiers pas à conclure qu’il vaut mieux « laisser faire », et que la vie militaire est la meilleure des leçons. De son essai loyal, il ne tire qu’une conclusion : désormais il n’éprouvera plus cette sorte de crainte qu’il avait de susciter les confidences du soldat Vincent. Il craignait une erreur, une maldonne. Maintenant il n’hésite plus.

Rien n’est plus difficile à marquer que les étapes de cette initiation qui n’avait justement aucune apparence d’initiation. Nous sommes, en ce moment, à une période trouble de tâtonnements dans l’ombre, où l’on ne peut compter les coups ni mesurer le terrain. Maurice a reçu un peu plus qu’une demi-instruction, une instruction bourgeoise et peuple