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remède est une bonne transpiration. Voici comment ils s’y prennent. Ils font rougir des cailloux, les déposent sous une loge en peau, et jettent de l’eau froide sur les cailloux, pour produire de la vapeur. C’est au milieu de cette atmosphère suffocante, que les malades s’installent pendant une heure. Ce traitement fut suivi de bons résultats.

Pendant tout le voyage, les sauvages étaient sans cesse en alerte, ayant toujours l’œil au guet, interrogeant tout et prêts à s’alarmer du moindre bruit insolite. Croyaient-ils réellement à la présence d’un ennemi, ils se cachaient dans les hautes herbes et cessaient de faire du feu. Ils passaient ainsi des jours, sans donner signe de vie.

Plusieurs Hurons, qui avaient été faits prisonniers, les servaient comme esclaves. Les Iroquois les traitaient d’ordinaire avec dureté et hauteur. À leur arrivée au village, où demeurait le parti de guerre, dont Radisson était prisonnier, hommes, femmes et enfants volèrent à leur rencontre, les saluant par des cris de joie.

Les jeunes guerriers marchaient stoïquement, gardant un silence absolu, comme s’ils ignoraient que cette fête, fut en leur honneur.

Arrivés au milieu du village, tous s’assirent et Radisson fut placé au centre. Les enfants armés de bâtons, semblaient n’attendre que le signal, pour le frapper. Le chef des guerriers, fit signe à Radisson de s’éloigner. Il partit, entouré d’une meute de femmes et d’enfants, qui cherchaient à le tuer. Déjà, l’un d’eux brandissait une hache, audessus de sa tête, lorsqu’une vieille femme, étendit sa couverte sur lui, comme un bouclier, destiné à le protéger. Elle l’emmena ensuite dans sa cabane, où elle lui donna à manger. Un conseil de vieillards s’assembla, pour délibérer sur son sort. Cette femme assista à leur délibération et insista tellement en faveur du prisonnier, que prenant sa ceinture, ils la passèrent autour du bras de Radisson, comme signe d’adoption de ce dernier, par cette vieille femme. De ce jour, en effet, il fut réellement considéré comme membre de la famille. Son mari devint son père et ses fils et ses filles, ses frères et sœurs. La vieille lui donna le nom « d’Orinha » qui signifie