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que transformé en Iroquois, au moins en apparence. Toute la nuit, des éclaireurs allaient et venaient au camp, pour éviter toute surprise, de la part des Français ou Algonquins. Ils s’entouraient de précautions infinies, pour ne point trahir leur présence et donner l’éveil. Le lendemain, ils se rendirent à leurs bateaux au nombre de 37, et se dirigèrent vers la rive opposée. Radisson, fut solidement attaché à la pince d’un canot, pendant qu’ils déposaient à ses pieds, les têtes sanglantes de ses deux compagnons, qu’ils emportaient comme trophées de gloire. Après avoir ramé tout le jour, ils arrivèrent vers le soir, aux îles Richelieu.

« Je fus étonné, dit Radisson, du nombre prodigieux de bœufs sauvages, de castors et d’élans qui abondaient dans ces îles »

Ces îles, étaient un lieu de rendez-vous, pour les diverses bandes d’Iroquois, qui s’élançaient de là sur différents points de la colonie. Un grand nombre de huttes avaient été construites, et il s’y trouvait en ce moment là, 250 guerriers. Ils passèrent trois jours à chasser et fêter. Les îles ne cessaient de retentir de leurs bravado, de leurs hurlements et de leurs chants de guerre. Voyant que Radisson était abattu et peu disposé à prendre part à la réjouissance générale, ils le rassurèrent en lui répétant « chagon ; » ce qui signifie « sois gai ou sois heureux ». Ils se dispersèrent ensuite par bandes. Radisson, dût accompagner, celle qui l’avait fait prisonnier. Le long du voyage, les Iroquois prenaient plaisir à lui enseigner leur langue, et aimaient à l’entendre chanter en français. De distance en distance, ils trouvaient des cabanes construites précédemment et qui leur servaient comme de postes pour la nuit. Elles étaient échelonnées le long de la route, jusqu’aux confins du pays des Iroquois.

Dans le récit de ce voyage, Radisson, décrit minutieusement les moindres détails qui s’y rapportent et les noires pensées qui accablaient son âme. Il serait fastidieux de le suivre de rivage en rivage et de s’arrêter avec lui, à chaque campement. Il suffira de glaner çà et là, ce qui peut offrir quelqu’intérêt.

Après quelques jours de marche, plusieurs se plaignirent d’être malades. Les fatigues, les misères et la mauvaise nourriture en étaient la cause. Leur grand