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on serait tenté d’être indulgent envers lui, car il fut l’objet de graves injustices, de la part du gouverneur de la colonie.

Aucune excuse, ne saurait justifier sa seconde trahison. Il n’en offre aucune, non plus. Il avoue bien ingénument, qu’il rechercha le service de l’Angleterre parce qu’il la préférait à la France.

En épousant la fille de Sir John Kertk, il paraît avoir épousé également la nationalité de cette famille là. Pour lui, il faudrait changer le proverbe et au lieu de « Qui prend mari, prend pays » dire « qui prend femme, prend pays. »

Le célèbre découvreur du Nord-Ouest, l’illustre La Vérendrye, eut comme Radisson et plus encore que lui, de justes motifs de se plaindre de l’ingratitude de la France ; mais combien différente fut sa conduite.

Aussi, les persécutions n’ont fait qu’ajouter au front du premier, une nouvelle auréole de gloire, tandis qu’elles ont apposé au front du second, une tache ineffaçable.

Les âmes vraiment élevées ne cherchent point, dans la trahison, la revendication de leurs droits méconnus.


Ses premières années.


Pierre Esprit de Radisson naquit à Paris. Sa mère, née Madeleine Hénault, épousa en 1680, en secondes noces, Sébastien Hayet dit St. Malo.

Il prétend dans ses mémoires, être arrivé en Canada, le 24 mai 1651. Une de ses sœurs maternelles, Marguerite Hayet, épousa le 24 Août 1653, Médard Chouart des Groseilliers. Ce dernier, devint le compagnon de ses principaux voyages.

Avant de se rendre en Canada, Radisson avait visité l’Italie et la Turquie. On retrouve dans ses notes, des réminiscences des premiers voyages de sa jeunesse. Son style indique un homme, dont l’esprit avait été bien cultivé. Sans être des modèles du genre, plusieurs de ses descriptions, ont un cachet de fraîcheur poétique, qui sent l’inspiration.

Ses mémoires s’ouvrent par ces paroles chrétiennes : « À la plus grande gloire de Dieu. »