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médiatement en route, ne laissant que quelques hommes au fort.

Radisson, qui n’épiait que ce moment là, entra par derrière eux, et s’empara du fort, sans coup férir, au nom du roi de France.

Il fit rappeler les matelots et les désarma. De fait ces pauvres gens, n’étaient pas fâchés de passer sous un autre maître, car ils avaient eu beaucoup à souffrir, de la part de Gillam.

Cependant, un soldat Écossais, qui voulait faire du zèle, s’échappa du fort et alla avertir Bridgar.

Radisson, se trouvait fort embarrassé, car les Anglais au fort Gillam, étaient plus du double des siens et il ne pouvait guère compter sur la fidélité de ses nouveaux sujets.

Pendant la nuit, Bridgar en profita, pour essayer de s’emparer du navire. La sentinelle donna l’alarme et Radisson arriva juste à temps, pour le faire échouer dans son dessein. Il fit quatre prisonniers, parmi lesquels se trouvait l’Écossais, qui s’était sauvé la veille.

Bridgar écrivit à Radisson, se plaignant d’avoir été trompé, et de ce qu’il lui avait caché, la présence d’un traiteur étranger, ajoutant que s’il en avait eu connaissance, il l’aurait aidé à détruire ce fort.

Radisson alla le visiter, et lui dit qu’il était au courant de tous ses complots perfides, contre les Français, que ces derniers avaient les premiers titres, à la traite du pays et qu’il était bien décidé à les faire respecter.

Néanmoins, l’extrême nécessité dans laquelle se trouvait son établissement, l’attendrit encore cette fois là. Le gouverneur n’avait plus ni poudre ni provisions. Il ne lui restait que deux fusils en bon état.

Ses hommes étaient si maladroits, qu’ils passaient des journées entières à la chasse, sans tuer le moindre gibier. Radisson, poussa la générosité jusqu’à prêter pour une partie de l’hiver, deux de ses hommes pour les ravitailler.

Pour les récompenser de ces bienfaits, quelques semaines après, Bridgar se rendait secrètement au fort de Gillam et essayait de gagner les Anglais à sa cause pour s’emparer du fort.

Les Français, qui se trouvaient là, s’aperçurent de ses desseins et le firent prisonnier.