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Les P.P. Ragueneau et Duperon résolurent de les accompagner pour aller continuer l’œuvre d’évangélisation déjà commencée.

Radisson, offrit ses services à ces deux missionnaires, qui les acceptèrent. Ils partirent au mois de juillet 1657. L’expédition se composait de 80 Iroquois, 100 Hurons, 20 Français et des deux missionnaires. Fidèles à leur passé, les Iroquois ne manquèrent pas de saisir la première occasion venue, pour égorger lâchement les pauvres Hurons, à qui la veille encore, ils juraient une amitié éternelle. Ils avaient à peine franchi, le lac St. François, que tombant sur ces infortunés, pris à l’improviste, ils les tuèrent tous.

On ne peut s’expliquer réellement, comment il se fait que Français et Hurons se laissèrent si souvent tromper, par les paroles fallacieuses, d’une nation aussi perfide. Que de fois, Français, Hurons et Algonquins, dormant en sécurité et se fiant à la foi jurée des Iroquois, se sont réveillés, le couteau sous la gorge, au cri de guerre de ces barbares. Les Hurons étaient encore moins excusables que les Français, de se confier ainsi, à leurs mortels ennemis.

Lorsque deux tribus ont été longtemps en guerre, il n’est guère possible, de cimenter entr’elles, une paix durable, en vertu d’un simple traité, comme parmi les peuples civilisés. Le souvenir de leurs parents cruellement torturés, est sans cesse présent à leur esprit, pour attiser les vieilles haines, à peine assoupies. Il faut, pour que la paix ait acquis un caractère de permanence et repose sur des bases durables, qu’une tradition de bons rapports et de fraternité sincère, ait remplacé la tradition d’inimitié et de vengeance d’autrefois et en ait fait disparaître toute trace.

Tant que ce résultat n’est pas obtenu, le sauvage n’enterre pas sa hache de guerre. Il consentira à la mettre de côté pour un moment, et promettra ou signera tout ce que l’on voudra ; mais dans son esprit, sa hache est toujours là. Au moindre caprice haineux de sa part, il la reprendra sans honte ni remords de conscience et frappera les malheureux qui ont pris sa parole au sérieux. Ce caractère n’a pas été le propre de toutes les tribus sauvages. Il en est chez qui, la