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endroits, lorsqu’un heureux événement vint lui donner plusieurs heures de répit. Un orage éclata, tout à coup. La pluie se mit à tomber par torrent et les Iroquois le laissèrent seul, attaché à un poteau. Ce soir là, une femme, vint près de lui, tenant par la main un enfant de quatre ans. Elle prit la main de Radisson et se mit à indiquer à son petit enfant, comment s’y prendre, pour lui couper le pouce, avec une pierre aiguë qu’elle lui donna. Ce pauvre petit, trop faible encore, ne put que donner des preuves de sa bonne volonté. Il ne réussit, au grand déplaisir de sa mère, qu’à lui scier la peau. Cédant aux pressantes sollicitations de cette mère inhumaine, il se mit ensuite à sucer le sang qui sortait de cette blessure. C’est ainsi que se formait l’éducation de la jeunesse Iroquoise, en développant chez elle dès l’enfance, des instincts de cruauté. Le lendemain, sa mère adoptive, le visita à son échafaud et après avoir pansé ses plaies, l’encouragea à souffrir avec courage. Elle lui assura, qu’il ne serait pas mis à mort. Ce jour là, un Iroquois prit un des doigts de Radisson et le mit dans sa pipe. Il fuma ainsi 3 pipes. Son doigt était tout calciné. Le fumet de chair qui s’en exhalait, semblait enivrer de joie, ce barbare. Dans la soirée, ils lui passèrent des lames d’acier rougies, sous la plante des pieds et promenèrent des charbons ardents sur son corps pendant que des enfants s’amusaient à lui mâcher les doigts avec leurs dents. Le troisième jour, ils le traînèrent à une cabane spacieuse, où fumaient accroupis, 50 vieillards. Laissons maintenant la parole à Radisson :

« Ils me firent asseoir. J’étais à demi-mort. Je vis là, mon frère somptueusement paré de colliers de porcelaine, portant une hache à la main. Mon père vint ensuite, tenant un calumet de pierre rouge. Tous portaient, suspendu à leur épaule, un sac de médecine. Ce sac contenait du tabac, des plantes ou racines ayant des vertus médicales, les os de leurs parents ou des têtes de loups, d’écureuil etc. Ils gardèrent pendant quelque temps, un silence absolu. Les prisonniers, qui avaient survécu aux tortures, furent amenés : ils comprenaient 2 hommes, 7 femmes et 10 enfants. Après force harangue, de la part de quelques uns de ces vieillards, il fut décidé qu’une