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qui en passant, ne leur ménageaient pas les coups de bâton.

Ils arrivèrent ainsi, couverts de sang, au lieu du supplice. Les Hurons entonnèrent bravement leur chant de mort. La nouvelle du triple meurtre et de la fuite de Radisson, s’était répandue et mûs par la vengeance, les Iroquois se pressaient autour de lui. À ce moment, il aperçut son père et sa mère adoptifs, qui l’amenèrent à leur cabane. Ils se mirent alors à pleurer et à lui reprocher son ingratitude. Radisson, leur avoua tout ce qui s’était passé. Il venait à peine de terminer son récit, qu’une troupe vint le chercher. Revenu au lieu du supplice, il vit l’un des prisonniers Français, couvert de sang et respirant à peine. Un jeune Iroquois voyant qu’il ne pouvait plus supporter les tourments, lui trancha la tête. Radisson, ne mentionne pas le nom de cet infortuné, mais il cite un nommé Coutu, aux supplices duquel il assista. À diverses distances, s’élevaient des échafauds, sur lesquels étaient placés les prisonniers. Il vit en ce moment là, 5 hommes, 3 femmes et 2 enfants, qui subissaient les tortures les plus cruelles, que pouvait inventer l’imagination de ces barbares. Les parents amenaient leurs jeunes enfants, assister à ce triste spectacle, afin de leur apprendre, de bonne heure, les leçons de la sauvagerie.

Un groupe d’Iroquois, faisait rougir des haches et des cercles de fer, pour les appliquer ensuite sur la peau, jusqu’à ce qu’elle fut rôtie ; d’autres encore leur enlevaient des morceaux de chair vive, qu’ils faisaient bouillir et les forçaient ensuite à les manger ; d’autres enfin les suspendaient à des arbres, pendant qu’on leur brûlait les pieds à petit feu. Ils leur offraient souvent à manger, de peur que les tourments ne les épuisent trop vite. À peine, un prisonnier avait-il expiré, que les femmes se hâtaient de lui arracher le cœur et de laver leurs enfants dans son sang, afin de les rendre plus valeureux. Les corps étaient ensuite ou brûlés ou livrés en pâture aux corbeaux et aux chiens.

Parvenu à l’échafaud, qui lui était destiné, Radisson servit de cible, pendant quelque temps, à des jeunes gens qui s’amusaient à décocher leurs flèches sur lui. Ils s’apprêtaient déjà à lui écorcher la peau, à plusieurs