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VII

DANS UN FEUILLETON DRAMATIQUE
DE M. ÉMILE FAGUET

L’auteur de le Détour et de le Marché — c’est à savoir M. Henri Bernstein — vient de faire représenter par les comédiens du Gymnase un drame, ou plutôt un ambigu de tragédie et de vaudeville, qui n’est peut-être pas son Athalie ou son Andromaque, son l’Amour veille ou son les Sentiers de la vertu, mais encore est quelque chose comme son Nicomède, qui n’est point, comme vous avez peut-être ouï-dire, une pièce entièrement méprisable et n’est point tout à fait le déshonneur de l’esprit humain. Tant est que la pièce est allée, je ne dirai pas par-dessus les nues, mais enfin est allée aux nues, où il y a un peu d’exagération, mais d’un succès légitime, comme la pièce de M. Bernstein fourmille d’invraisemblances, mais sur un fonds de vérité. C’est par où l’Affaire Lemoine diffère de la Rafale, et, en général, des tragédies de M. Bernstein, comme aussi d’une bonne moitié des comédies d’Euripide, lesquelles fourmillent de vérités, mais sur un fond d’invraisemblance. De plus c’est la première fois qu’une pièce de M. Bernstein intéresse des personnes, dont il s’était jusqu’ici gardé. Donc, l’escroc Lemoine, voulant faire une dupe avec sa prétendue découverte de la fabrication du diamant, s’adresse… au plus grand propriétaire de mines de diamants du monde. Comme invraisemblance, vous