Page:Proust - Pastiches et Mélanges, 1921.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ceci ? Je n’y sentais pas la vie. Toujours ce fut ma force, ma faiblesse aussi, ce besoin de la vie. Au point culminant du règne de Louis XIV, quand l’absolutisme semble avoir tué toute liberté en France, durant deux longues années — plus d’un siècle — (1680-1789), d’étranges maux de tête me faisaient croire chaque jour que j’allais être obligé d’interrompre mon histoire. Je ne retrouvai vraiment mes forces qu’au serment du Jeu de Paume (20 juin 1789). Pareillement me sentais-je troublé devant cet étrange règne de la cristallisation qu’est le monde de la pierre. Ici plus rien de la flexibilité de la fleur qui au plus ardu de mes recherches botaniques, fort timidement — d’autant mieux — ne cessa jamais de me rendre courage : « Aie confiance, ne crains rien, tu es toujours dans la vie, dans l’histoire. »