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donne surtout, devait être rendu public. Voici cette lettre :

Les Timbrieux, par Josselin (Morbihan),
24 septembre 1906.

« Je regrette vivement, cher monsieur, de ne pas avoir pu vous remercier encore de la sympathie que vous m’avez témoignée dans ma douleur. Vous voudrez bien m’excuser, cette douleur a été telle, que, sur le conseil des médecins, pendant quatre mois, j’ai constamment voyagé. Je commence seulement, et avec une peine extrême, à reprendre ma vie habituelle.

« Si tardivement que cela soit, je veux vous dire aujourd’hui que j’ai été extrêmement sensible au fidèle souvenir que vous avez gardé de nos anciennes et excellentes relations et profondément touché du sentiment qui vous a inspiré de me parler, ainsi qu’à ma mère, au nom de vos parents, si prématurément disparus. Je n’avais personnellement l’honneur de les connaître que fort peu, mais je sais combien mon père appréciait le vôtre et quel plaisir ma mère avait toujours à voir Mme Proust. J’ai trouvé extrêmement délicat, et sensible, que vous nous ayez envoyé d’eux un message d’outre-tombe.

« Je rentrerai assez prochainement à Paris, et si je réussis d’ici peu à surmonter le besoin d’isolement que m’a causé jusqu’ici la disparition de celui à qui je rapportais tout l’intérêt de ma vie, qui en faisait toute la joie, je serais bien heureux d’aller vous serrer la main et causer avec vous du passé.

« Très affectueusement à vous.

H. van Blarenberghe.