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EN MÉMOIRE DES ÉGLISES ASSASSINÉES

Saint-Esprit se reposent sur la tête du Fils de Dieu. Il s’avance sous un dais triomphal dont les quatre porteurs peuvent se comparer aux quatre évangélistes. Deux acolytes marchent à sa droite et à sa gauche et figurent Moïse et Hélie, qui se montrèrent sur le Thabor aux côtés de Jésus-Christ. Ils nous enseignent que Jésus avait pour lui l’autorité de la Loi et l’autorité des prophètes.

L’évêque s’assied sur son trône et reste silencieux. Il ne semble prendre aucune part à la première partie de la cérémonie. Son attitude contient un enseignement : il nous rappelle par son silence que les premières années de la vie de Jésus-Christ s’écoulèrent dans l’obscurité et dans le recueillement. Le sous-diacre, cependant, s’est dirigé vers le pupitre, et, tourné vers la droite, il lit l’épître à haute voix. Nous entrevoyons ici le premier acte du drame de la Rédemption.

La lecture de l’épître, c’est la prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert. Il parle avant que le Sauveur ait commencé à faire entendre sa voix, mais il ne parle qu’aux Juifs. Aussi le sous-diacre, image du précurseur, se tourne-t-il vers le nord, qui est le côté de l’ancienne Loi. Quand la lecture est terminée, il s’incline devant l’évêque, comme le précurseur s’humilia devant Jésus-Christ.

Le chant du Graduel qui suit la lecture de l’épître, se rapporte encore à la mission de saint Jean-Baptiste, il symbolise les exhortations à la pénitence qu’il adresse aux Juifs, à la veille des temps nouveaux.

Enfin, le célébrant lit l’Évangile. Moment solennel, car c’est ici que commence la vie active du Messie ; sa parole se fait entendre pour la première fois dans

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