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LES PLAISIRS ET LES JOURS.

leur donnez délibérément votre jeunesse ; vous ne reviendrez jamais dans votre Styrie. » Elle n’y revint jamais. Jeune, elle était restée dans le monde pour exercer la royauté d’élégance que presque encore enfant elle avait conquise. Vieille, elle y resta pour la défendre. Ce fut en vain. Elle la perdit. Et quand elle mourut, elle était encore en train d’essayer de la reconquérir. Augustin avait compté sur le dégoût. Mais il avait compté sans une force qui, si elle est nourrie d’abord par la vanité, vainc le dégoût, le mépris, l’ennui même : c’est l’habitude.

Août 1892.