Page:Proust - Les Plaisirs et les Jours, 1896.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
RÊVERIES COULEUR DU TEMPS

IX

sonate clair de lune

I

Plus que les fatigues du chemin, le souvenir et l’appréhension des exigences de mon père, de l’indifférence de Pia, de l’acharnement de mes ennemis, m’avaient épuisé. Pendant le jour, la compagnie d’Assunta, son chant, sa douceur avec moi qu’elle connaissait si peu, sa beauté blanche, brune et rose, son parfum persistant dans les rafales du vent de mer, la plume de son chapeau, les perles à son cou, m’avaient distrait. Mais, vers neuf heures du