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FRAGMENTS DE COMÉDIE ITALIENNE

XII

éventail

Madame, j’ai peint pour vous cet éventail.

Puisse-t-il selon votre désir évoquer dans votre retraite les formes vaines et charmantes qui peuplèrent votre salon, si riche alors de vie gracieuse, à jamais fermé maintenant.

Les lustres dont toutes les branches portent de grandes fleurs pâles, éclairent des objets d’art de tous les temps et de tous les pays. Je pensais à l’esprit de notre temps en promenant avec mon pinceau les regards curieux de ces lustres sur la diversité de vos bibelots. Comme eux, il a contemplé les exemplaires de la pensée ou de la vie des siècles à travers le monde. Il a démesurément étendu le