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LES PLAISIRS ET LES JOURS

épargner, vous ne fuyez pas les compagnies, vous savez y plaire, et votre esprit, sans que vos longues boucles fussent nécessaires, vous y ferait assez remarquer. Vous avez bon appétit, mangez bien avant d’aller dîner en ville, et enragez pourtant d’y rester à jeun. Vous prenez la nuit, dans les promenades où votre originalité vous oblige, les seules maladies dont vous souffriez. Vous avez assez d’imagination pour faire tomber de la neige ou brûler du cinname sans le secours de l’hiver ou d’un brûle-parfums, assez lettré et assez musicien pour aimer Lamartine et Wagner en esprit et en vérité. Mais quoi ! à l’âme d’un artiste vous joignez tous les préjugés bourgeois dont, sans réussir à nous donner le change, vous ne nous montrez que l’envers.

IX

contre la franchise

Il est sage de redouter également Percy, Laurence et Augustin. Laurence récite des vers, Percy fait des conférences, Augustin dit des vérités. Personne franche, voilà