ne cessait pas d’admirer les brillants uniformes qui passaient devant nous et qui faisaient de Paris une ville aussi cosmopolite qu’un port, aussi irréelle qu’un décor de peintre qui n’a dressé quelques architectures que pour avoir un prétexte à grouper les costumes les plus variés et les plus chatoyants. Il gardait tout son respect et toute son affection à de grandes dames accusées de défaitisme, comme jadis à celles qui avaient été accusées de dreyfusisme. Il regrettait seulement qu’en s’abaissant à faire de la politique elles eussent donné prise « aux polémiques des journalistes ». Pour lui, à leur égard, rien n’était changé. Car sa frivolité était si systématique, que la naissance unie à la beauté et à d’autres prestiges était la chose durable — et la guerre, comme l’affaire Dreyfus, des modes vulgaires et fugitives. Eût-on fusillé la duchesse de Guermantes pour essai de paix séparée avec l’Autriche qu’il l’eût considérée comme toujours aussi noble et pas plus dégradée que ne nous apparaît aujourd’hui Marie-Antoinette d’avoir été condamnée à la décapitation. En parlant à ce moment-là, M. de Charlus, noble comme une espèce de Saint-Vallier ou de Saint-Mégrin, était droit, rigide, solennel, parlait gravement, ne faisait pour un moment aucune des manières où se révèlent ceux de sa sorte. Et pourtant, pourquoi ne peut-il y en avoir aucun dont la voix soit jamais absolument juste ?... Même en ce moment où elle approchait le plus du grave, elle était fausse encore et aurait eu besoin de l’accordeur. D’ailleurs, M. de Charlus ne savait littéralement où donner de la tête et il la levait souvent avec le regret de ne pas avoir une jumelle qui, d’ailleurs, ne lui eût pas servi à grand’chose,
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