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gneux dont cette jeune femme snob me répondit : « Si, je sais qui est Mme Leroi, une vieille amie de Bergotte » d’un ton qui voulait dire « une personne que je n’aurais jamais voulu faire venir chez moi ». Je compris très bien que le vieil ami de Mme de Guermantes, en parfait homme du monde imbu de l’esprit des Guermantes, dont un des traits était de ne pas avoir l’air d’attacher d’importance aux fréquentations aristocratiques, avait trouvé trop bête et trop anti-Guermantes de dire : « Mme Leroi, qui fréquentait toutes les altesses, toutes les duchesses » et il avait préféré dire : « Elle était assez drôle. Elle a répondu un jour à Bergotte ceci. » Seulement, pour les gens qui ne savent pas, ces renseignements par la conversation équivalent à ceux que donne la Presse aux gens du peuple et qui croient alternativement, selon leur journal, que M. Loubet et M. Reinach sont des voleurs ou de grands citoyens. Pour mon interlocutrice, Mme Leroi avait été une espèce de Mme Verdurin première manière, avec moins d’éclat et dont le petit clan eût été limité au seul Bergotte… Cette jeune femme est, d’ailleurs, une des dernières qui, par un pur hasard, ait entendu le nom de Mme Leroi. Aujourd’hui personne ne sait plus qui c’est, ce qui est, du reste, parfaitement juste. Son nom ne figure même pas dans l’index des mémoires posthumes de Mme de Villeparisis, de laquelle Mme Leroi occupa tant l’esprit. La marquise n’a, d’ailleurs, pas parlé de Mme Leroi, moins parce que celle-ci, de son vivant, avait été peu aimable pour elle, que parce que personne ne pouvait s’intéresser à elle après sa mort, et ce silence est dicté moins par la rancune mondaine de la femme que par le tact littéraire de l’écrivain. Ma conversation avec l’élégante amie de Bloch fut charmante, car cette jeune femme était intelligente, mais cette différence entre nos deux vocabulaires la rendait malaisée et en même temps instructive. Nous avons beau savoir que les années passent, que la jeunesse