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sur la porte un avertissement habituel écrit à la main et annonçant leur réouverture pour une époque éloignée et, d’ailleurs, problématique. Les autres établissements qui avaient pu survivre encore annonçaient de la même manière qu’ils n’ouvraient que deux fois par semaine. On sentait que la misère, l’abandon, la peur habitaient tout ce quartier. Je n’en fus que plus surpris de voir qu’entre ces maisons délaissées il y en avait une où la vie au contraire semblait avoir vaincu l’effroi, la faillite, et entretenait l’activité et la richesse. Derrière les volets clos de chaque fenêtre la lumière, tamisée à cause des ordonnances de police, décelait pourtant un insouci complet de l’économie. Et à tout instant la porte s’ouvrait pour laisser entrer ou sortir quelque visiteur nouveau. C’était un hôtel par qui la jalousie de tous les commerçants voisins (à cause de l’argent que ses propriétaires devaient gagner) devait être excitée ; et ma curiosité le fut aussi quand je vis sortir rapidement, à une quinzaine de mètres de moi, c’est-à-dire trop loin pour que dans l’obscurité profonde je pusse le reconnaître, un officier.

Quelque chose pourtant me frappa qui n’était pas sa figure que je ne voyais pas, ni son uniforme dissimulé dans une grande houppelande, mais la disproportion extraordinaire entre le nombre de points différents par où passa son corps et le petit nombre de secondes pendant lesquelles cette sortie, qui avait l’air de la sortie tentée par un assiégé, s’exécuta. De sorte que je pensai, si je ne le reconnus pas formellement — je ne dirai pas même à la tournure ni à la sveltesse, ni à l’allure, ni à la vélocité de Saint-Loup — mais à l’espèce d’ubiquité qui lui était si spéciale. Le militaire capable d’occuper en si peu de temps tant de positions différentes dans l’espace avait disparu, sans m’avoir aperçu, dans une rue de traverse, et je restais à me demander si je devais ou non entrer dans cet hôtel dont l’apparence modeste me fit fortement douter que ce