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Et le mobilier du cousin Pons ou de Claës n’est pas décrit avec plus d’amour, de réalité et d’illusion qu’il ne décrit sa galerie de la rue Fortunée ou celle de Wierzchownia  : «  J’ai reçu la fontaine de salle à manger que Bernard Palissy a faite pour Henri II ou pour Charles IX  ; c’est un de ses premiers morceaux et l’un des plus curieux, morceau hors de prix car il porte de quarante à cinquante centimètres de diamètre et soixante-dix centimètres de hauteur, etc. La petite maison de la rue Fortunée va bientôt recevoir de beaux tableaux, une tête charmante de Greuze qui provient de la galerie du dernier roi de Pologne, deux Canaletto ayant appartenu au pape Clément XIII, deux Van Huysum, un Van Dyck, trois toiles de Rotari, le Greuze de l’Italie, une Judith de Cranach qui est une merveille, etc. Ces tableaux sont di primo cartello et ne dépareraient pas la plus belle galerie.  » «  Quelle différence avec ce Holbein de ma galerie, frais et pur après trois cents ans.  » «  Le Saint Pierre d’Holbein a été trouvé sublime  ; dans une vente publique, il pourrait aller à trois mille francs.  » À Rome, il a acheté «  un Sébastien del Piombo, un Bronzino et un Mirevelt de la dernière beauté  ». Il a des vases de Sèvres «  qui ont dû être offerts à Latreille  », car on n’a pu faire un pareil travail que «  pour une très grande célébrité de l’entomologie. C’est une vraie trouvaille, une occasion comme je n’en ai jamais vu  ». Il parle ailleurs de son lustre «  qui