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je ne connaissais pas, Albertine souriante et rouge de plaisir. Et, au fond, pourquoi cela n’eût-il pas été ? M’étais-je fait faute de penser à des femmes depuis que je connaissais Albertine ? Le soir où j’avais été pour la première fois chez la princesse de Guermantes, quand j’étais rentré, n’était-ce pas beaucoup moins en pensant à cette dernière qu’à la jeune fille dont Saint-Loup m’avait parlé et qui allait dans les maisons de passe, et à la femme de chambre de Mme  Putbus ? N’est-ce pas pour cette dernière que j’étais retourné à Balbec et, plus récemment, avais bien eu envie d’aller à Venise ? pourquoi Albertine n’eût-elle pas eu envie d’aller en Touraine ? Seulement, au fond, je m’en apercevais maintenant, je ne l’aurais pas quittée, je ne serais pas allé à Venise. Même au fond de moi-même, tout en me disant : « Je la quitterai bientôt », je savais que je ne la quitterais plus, tout aussi bien que je savais que je ne me mettrais plus à travailler, ni à vivre d’une façon hygiénique, ni à rien faire de ce que chaque jour je me promettais pour le lendemain. Seulement, quoi que je crusse au fond, j’avais trouvé plus habile de la laisser vivre sous la menace d’une perpétuelle séparation. Et sans doute, grâce à ma détestable habileté, je l’avais trop bien convaincue. En tout cas maintenant cela ne pouvait plus durer ainsi, je ne pouvais pas la laisser en Touraine avec ces jeunes filles, avec cette actrice ; je ne pouvais supporter la pensée de cette vie qui m’échappait. J’écrirais et j’attendrais sa réponse à ma lettre : si elle faisait le mal, hélas ! un jour de plus ou de moins ne faisait rien (et peut-être je me disais cela parce que, n’ayant plus l’habitude de me faire rendre compte de chacune de ses minutes, dont une seule où elle eût été libre m’eût jadis affolé, ma jalousie n’avait plus la même division du temps). Mais aussitôt sa réponse reçue, si elle ne revenait pas j’irais la chercher ; de gré ou de force je l’arracherais à ses amies. D’ailleurs ne valait-il pas mieux que j’y allasse moi--