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à part, loin des gens chics, et comme si le contact de Mme Bontemps ou de Mme Cottard avec la princesse de Guermantes ou la princesse de Parme eût pu, comme celui de deux poudres instables, produire des catastrophes irréparables. Néanmoins les Bontemps, les Cottard et autres, quoique déçus de dîner entre eux, étaient fiers de pouvoir dire : « Nous avons dîné chez la marquise de Saint-Loup », d’autant plus qu’on poussait quelquefois l’audace jusqu’à inviter avec eux Mme de Marsantes, qui se montrait véritable grande dame, avec un éventail d’écaille et de plumes, toujours dans l’intérêt de l’héritage. Elle avait seulement soin de faire de temps en temps l’éloge des gens discrets qu’on ne voit jamais que quand on leur fait signe, avertissement moyennant lequel elle adressait aux bons entendeurs du genre Cottard, Bontemps, etc., son plus gracieux et hautain salut. Peut-être j’eusse préféré être de ces séries-là. Mais Gilberte, pour qui j’étais maintenant surtout un ami de son mari et des Guermantes (et qui — peut-être bien dès Combray, où mes parents ne fréquentaient pas sa mère — m’avait, à l’âge où nous n’ajoutons pas seulement tel ou tel avantage aux choses mais où nous les classons par espèces, doué de ce prestige qu’on ne perd plus ensuite), considérait ces soirées-là comme indignes de moi et quand je partais me disait : « J’ai été très contente de vous voir, mais venez plutôt après-demain, vous verrez ma tante Guermantes, Mme de Poix ; aujourd’hui c’était des amies de maman, pour faire plaisir à maman. » Mais ceci ne dura que quelques mois, et très vite tout fut changé de fond en comble. Était-ce parce que la vie sociale de Gilberte devait présenter les mêmes contrastes que celle de Swann ? En tout cas, Gilberte n’était que depuis peu de temps marquise de Saint-Loup (et bientôt après, comme on le verra, duchesse de Guermantes) que, ayant atteint ce qu’il y avait de plus éclatant et de plus difficile, elle pensait que le