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Alors commença une journée d’une folle agitation. Avant même de partir acheter tout ce que je croyais propre à me parer pour produire une meilleure impression quand j’irais voir Mme de Guermantes le surlendemain, jour où la jeune fille devait, m’avait dit le concierge, revenir voir la duchesse, chez qui je trouverais ainsi une jeune fille facile et prendrais rendez-vous avec elle (car je trouverais bien le moyen de l’entretenir un instant dans un coin du salon), j’allai pour plus de sûreté télégraphier à Robert pour lui demander le nom exact et la description de la jeune fille, espérant avoir sa réponse avant le surlendemain (je ne pensais pas une seconde à autre chose, même pas à Albertine), décidé, quoi qu’il pût m’arriver d’ici là, dussé-je m’y faire descendre en chaise à porteur si j’étais malade, à faire une visite prolongée à la duchesse. Si je télégraphiais à Saint-Loup, ce n’est pas qu’il me restât des doutes sur l’identité de la personne, et que la jeune fille vue et celle dont il m’avait parlé fussent encore distinctes pour moi. Je ne doutais pas qu’elles n’en fissent qu’une seule. Mais dans mon impatience d’attendre le surlendemain, il m’était doux, c’était déjà pour moi comme un pouvoir secret sur elle, de recevoir une dépêche la concernant, pleine de détails. Au télégraphe, tout en rédigeant ma dépêche avec l’animation de l’homme qu’échauffe l’espérance, je remarquai combien j’étais moins désarmé maintenant que dans mon enfance, et vis-à-vis de Mlle d’Éporcheville que de Gilberte. À partir du moment où j’avais pris seulement la peine d’écrire ma dépêche, l’employé n’avait plus qu’à la prendre, les réseaux les plus rapides de communication électrique à la transmettre à l’étendue de la France et de la Méditerranée, et tout le passé noceur de Robert allait être appliqué à identifier la personne que je venais de rencontrer, se trouver au service du roman que je venais d’ébaucher et auquel je n’avais même plus besoin de penser, car