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avait profité, me dit-elle, d’une matinée que des amis à elle avaient donnée ce jour-là à côté de Balbec, pour venir me voir, comme elle l’avait promis à Robert de Saint-Loup. « Vous savez qu’il doit bientôt venir passer quelques jours dans le pays. Son oncle Charlus y est en villégiature chez sa belle-sœur, la duchesse de Luxembourg, et M. de Saint-Loup profitera de l’occasion pour aller à la fois dire bonjour à sa tante et revoir son ancien régiment, où il est très aimé, très estimé. Nous recevons souvent des officiers qui nous parlent tous de lui avec des éloges infinis. Comme ce serait gentil si vous nous faisiez le plaisir de venir tous les deux à Féterne. » Je lui présentai Albertine et ses amies. Mme de Cambremer nous nomma à sa belle-fille. Celle-ci, qui se montrait glaciale avec les petits nobliaux que le voisinage de Féterne la forçait à fréquenter, si pleine de réserve de crainte de se compromettre, me tendit au contraire la main avec un sourire rayonnant, mise comme elle était en sûreté et en joie devant un ami de Robert de Saint-Loup et que celui-ci, gardant plus de finesse mondaine qu’il ne voulait le laisser voir, lui avait dit très lié avec les Guermantes. Telle, au rebours de sa belle-mère, Mme de Cambremer avait-elle deux politesses infiniment différentes. C’est tout au plus la première, sèche, insupportable, qu’elle m’eût concédée si je l’avais connue par son frère Legrandin. Mais pour un ami des Guermantes elle n’avait pas assez de sourires. La pièce la plus commode de l’hôtel pour recevoir était le salon de lecture, ce lieu jadis si terrible où maintenant j’entrais dix fois par jour, ressortant librement, en maître, comme ces fous peu atteints et depuis si longtemps pensionnaires d’un asile que le médecin leur en a confié la clef. Aussi offris-je à Mme de Cambremer de l’y conduire. Et comme ce salon ne m’inspirait plus de timidité et ne m’offrait plus de charme parce que