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dirai qu’ici nous n’apprécions que la valeur propre, la contribution personnelle, ce que j’appelle la participation. Pourvu qu’on soit d’art, pourvu en un mot qu’on soit de la confrérie, le reste importe peu. » La façon dont Morel en était — autant que j’ai pu l’apprendre — était qu’il aimait assez les femmes et les hommes pour faire plaisir à chaque sexe à l’aide de ce qu’il avait expérimenté sur l’autre — c’est ce qu’on verra plus tard. Mais ce qui est essentiel à dire ici, c’est que, dès que je lui eus donné ma parole d’intervenir auprès de Mme Verdurin, dès que je l’eus fait surtout, et sans retour possible en arrière, le « respect » de Morel à mon égard s’envola comme par enchantement, les formules respectueuses disparurent, et même pendant quelque temps il m’évita, s’arrangeant pour avoir l’air de me dédaigner, de sorte que, si Mme Verdurin voulait que je lui disse quelque chose, lui demandasse tel morceau de musique, il continuait à parler avec un fidèle, puis passait à un autre, changeait de place si j’allais à lui. On était obligé de lui dire jusqu’à trois ou quatre fois que je lui avais adressé la parole, après quoi il me répondait, l’air contraint, brièvement, à moins que nous ne fussions seuls. Dans ce cas-là il était expansif, amical, car il avait des parties de caractère charmantes. Je n’en conclus pas moins de cette première soirée que sa nature devait être vile, qu’il ne reculait quand il le fallait devant aucune platitude, ignorait la reconnaissance. En quoi il ressemblait au commun des hommes. Mais comme j’avais en moi un peu de ma grand’mère et me plaisais à la diversité des hommes sans rien attendre d’eux ou leur en vouloir, je négligeai sa bassesse, je me plus à sa gaieté quand cela se présenta, même à ce que je crois avoir été une sincère amitié de sa part quand, ayant fait tout le tour de ses fausses connaissances de la nature humaine, il s’aperçut (par à-coups, car