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me faire du mal, cet air qu’elle avait eu à Combray pour la première fois quand elle s’était résignée à passer la nuit auprès de moi, cet air qui en ce moment ressemblait extraordinairement à celui de ma grand’mère me permettant de boire du cognac, je dis à ma mère : « Je sais la peine que je vais te faire. D’abord, au lieu de rester ici comme tu le voulais, je vais partir en même temps que toi. Mais cela n’est encore rien. Je me porte mal ici, j’aime mieux rentrer. Mais écoute-moi, n’aie pas trop de chagrin. Voici. Je me suis trompé, je t’ai trompée de bonne foi hier, j’ai réfléchi toute la nuit. Il faut absolument, et décidons-le tout de suite, parce que je me rends bien compte maintenant, parce que je ne changerai plus, et que je ne pourrais pas vivre sans cela, il faut absolument que j’épouse Albertine. »