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empêcherait de prendre une auto », répondit M. de Charlus, en homme habitué à ce que tout pliât devant lui. Mais remarquant mon silence : « Quelle est cette voiture plus ou moins imaginaire ? me dit-il avec insolence et un dernier espoir. — C’est une chaise de poste ouverte et qui doit être déjà arrivée à la Commanderie. » Devant l’impossible, M. de Charlus se résigna et affecta de plaisanter. « Je comprends qu’ils aient reculé devant le « coupé » superfétatoire. C’aurait été un recoupé. » Enfin on fut avisé que le train repartait et Saint-Loup nous quitta. Mais ce jour fut le seul où, en montant dans notre wagon, il me fit, à son insu, souffrir par la pensée que j’eus un instant de le laisser avec Albertine pour accompagner Bloch. Les autres fois sa présence ne me tortura pas. Car d’elle-même Albertine, pour m’éviter toute inquiétude, se plaçait, sous un prétexte quelconque, de telle façon qu’elle n’aurait pas, même involontairement, frôlé Robert, presque trop loin pour avoir même à lui tendre la main ; détournant de lui les yeux, elle se mettait, dès qu’il était là, à causer ostensiblement et presque avec affectation avec l’un quelconque des autres voyageurs, continuant ce jeu jusqu’à ce que Saint-Loup fût parti. De la sorte, les visites qu’il nous faisait à Doncières ne me causant aucune souffrance, même aucune gêne, ne mettaient pas une exception parmi les autres qui toutes m’étaient agréables en m’apportant en quelque sorte l’hommage et l’invitation de cette terre. Déjà, dès la fin de l’été, dans notre trajet de Balbec à Douville, quand j’apercevais au loin cette station de Saint-Pierre-des-Ifs, où le soir, pendant un instant, la crête des falaises scintillait toute rose, comme au soleil couchant la neige d’une montagne, elle ne me faisait plus penser, je ne dis pas même à la tristesse que la vue de son étrange relèvement soudain m’avait causée le premier soir en me donnant