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gains a l’exploitation de la terre et d’y faire entrer des populations nombreuses n’est pas primitive ; ce n’est pas une suggestion de la nature, puisque nous voyons, dès le début, dans la vallée embryonnaire, la famille multiplier ses tentes ou ses feux, à mesure de la formation des couples ; l’État se développer en hameaux, bourgades et cantons, ayant chacun son administration séparée, et se constituer peu à peu selon le principe de la liberté individuelle, du suffrage des citoyens, de l’indépendance des groupes et de la distinction des cultures. La communauté, en tant qu’institution ou forme donnée par la nature, est à son plus haut point de concentration dans la famille ; à partir de là, elle brise son cadre et n’existe bientôt plus que comme rapport de voisinage, ressemblance de langue, de culte, de mœurs ou de lois, tout au plus comme assurance mutuelle ; ce qui, impliquant l’idée de convention, est la négation même du communisme. Ce n’est que postérieurement, quand l’insolence aristocratique et la dureté de la servitude ont provoqué la réaction du peuple, que la communauté se présente comme moyen disciplinaire et système d’État : il suffit de citer les exemples de Lycurgue, de Pythagore, de Platon et des premiers chrétiens. Mais l’expérience a bientôt fait justice de l’hypothèse : partout et toujours la liberté s’est soulevée contre le communisme, qui n’a jamais pu s’établir que sur une petite échelle, et. à titre d’exception au sein des masses. La plus grande communauté qui ait jamais existé, celle de Sparte, était fondée sur l’esclavage et la