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le propriétaire, l’oisif arrive, qui, le bail expiré, porte le prix d’amodiation à 1,800 francs. Le laboureur a créé 20,000 francs pour autrui ; bien plus : en augmentant de moitié la fortune du maître, il a augmenté proportionnellement sa propre charge ; il a donné la verge, comme on dit, pour se faire fouetter.

« Cette injustice a été comprise du paysan ; et, plutôt que de n’en pas obtenir réparation, il brisera tôt ou tard gouvernement et propriété, comme en 89 il brûla les chartriers… Le droit à la plus-value est un des premiers que le législateur devra reconnaître,au moins en principe, à peine de révolte et peut-être d’une jacquerie.

« Quant à moi., je ne crois point que, dans le système de nos lois et l’état des propriétés, une pareille innovation soit praticable, et je doute que l’espoir des paysans triomphe des difficultés et des complications sans nombre de la matière…. Il ne faudrait pas moins qu’une refonte complète, avec suppressions, additions, modifications, presque à chaque phrase et à chaque mot, des deuxième et troisième livres du Code civil, dix-sept cent soixante-six articles à réviser, discuter, approfondir, abroger, remplacer, développer ; plus de travail que n’en pourrait faire l’Assemblée nationale en dix ans.

« Tout ce qui concerne la distinction des biens, le droit d’accession, l’usufruit, les servitudes, successions, contrats, prescriptions, hypothèques, devra être raccordé avec le droit à la plus-value et remanié de fond en comble. Quelque bonne volonté qu’y mettent les