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un canal, certaines terres sont favorisées sans que les autres le soient, celles-ci ont évidemment droit a une compensation, au même titre que les sucres de la Réunion sont aujourd’hui dégrevés par rapport aux sucres de la Guadeloupe et de la Martinique.

Compenser au delà, serait évidemment accorder une prime d’encouragement à l’impéritie. Il faut que le propriétaire cultivateur sache conserver sa terre à son rang S’il ne le sait pas, si, par son incapacité relative, il laisse ses concurrents créer une rente nouvelle sur les terres qu’ils cultivent avec une intelligence supérieure, il n’a aucun droit à exiger cette rente comme indemnité. La concurrence de travailleurs égaux en capacité, jouissant également d’un crédit suffisant pour l’amélioration de leurs terres, doit détruire incessamment toutes ces rentes nouvelles, toutes ces plus-values données à certaines propriétés.

C’est en me plaçant à ce point de vue que j’ai affirmé en 1850, le droit du cultivateur à la plus-value de la propriété qu’il cultive, sous réserve des restrictions que j’ai indiquées dans les Contradictions économiques.

« Un immeuble, valant 40,000 francs, est livré à bail à un laboureur, moyennant le prix de 1 200 francs, soit à 3 p. 100. Au bout de dix ans, cet immeuble, sous la direction intelligente du fermier, a gagné 50 p. 100 de valeur : au lieu de 40,000 fr., il en vaut 60,000. Or, non-seulement » cette plus-value, qui est l’œuvre exclusive du fermier, ne lui profite en rien ; mais