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que mon projet, sans nous sortir de la crise. Dire que j’attendais du succès de ma proposition la solution du problème de la propriété, serait absurde. Je visais alors à des solutions d’ensemble, dont le plan se trouve esquisse dans l’Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.

La liberté du travailleur agricole étant, au point de vue économique, la seule raison d’être de la propriété foncière, je devais naturellement me demander : Comment la société peut-elle aider les travailleurs agricoles à remplacer les propriétaires oisifs ? A quoi je répondais : En organisant le crédit foncier.

« Un jeune paysan, entrant en ménage, désire acheter un fonds : ce fonds vaut 10,000 francs.

« Supposons que ce paysan, avec la dot de sa femme, un coin d’héritage, quelques économies, puisse faire un tiers de la somme : la Banque foncière, sur un gage de 15,000 francs, n’hésitera pas à lui en prêter 10,000, remboursables par annuités.

« Ce sera donc comme si, pour devenir propriétaire d’une propriété de 10,000 francs, le cultivateur ni avait qu’à en payer la rente pendant quinze, vingt ou trente années. Cette fois, le fermage n’est perpétuel ; il s’impute annuellement sur le prix de la chose ; il vaut titre de propriété. Et, comme le prix de l’immeuble ne peut pas s’élever indéfiniment, puisqu’il n’est autre chose que la capitalisation au vingtuple, trentuple ou quarantuple de la partie du produit qui excède les frais de labourage, il est évident que la propriété ne pourra plus fuir le paysan. Avec la Banque