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respectifs ; et, comme ce sont ceux qui courent les plus grands risques qui reçoivent les plus fortes primes, on petit dire que la société ou association universelle des travailleurs a pour but de réaliser l’égalité des salaires. Que les aubaines soient supprimées ; que toutes les primes soient versées à des sociétés corporatives d’assurance mutuelle ; et, sans que la charité, toujours insuffisante parce qu’elle est inorganique, au besoin d’intervenir, les salaires seront égaux entre toutes les professions. S’ils ne le sont pas alors, c’est que les primes auront été mal calculées. Mais la statistique étant ainsi organisée, les rectifications ne se feront pas longtemps attendre. On n’aura jamais sans doute une égalité absolue ; mais, par une série d’oscillations dont l’amplitude diminuera de plus en plus, on s’en rapprochera progressivement ; et l’égalité approximative sera bientôt un fait.

Supposons maintenant, pour fixer les idées, une profession qui compterait 115 travailleurs, savoir 100 compagnons, tous capables de créer des produits de même qualité, et 15 apprentis. Ces derniers devraient-ils, à travail égal, recevoir le même salaire que les premiers ? Je ne l’ai jamais affirmé. Les 100 compagnons devraient-ils gagner, à travail égal, le même salaire que ceux des autres professions si, d’après le chiffre de la population, l’état des besoins et celui de l’industrie, 98 suffisaient ? En aucune façon. J’ai toujours dit, notamment dans la Création de l’ordre, que c’était aux consommateurs a avertir eux-mêmes les travailleurs de chaque profession lorsque leur