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leurs produits, les produits des détenteurs du fonds, ils ne payent que la façon donnée par ceux-ci à la matière ; il faut que le travail seul soit payé par le travail, et que la matière soit gratuite. S’il en est autrement, si les propriétaires fonciers perçoivent une rente à leur profit, il y a abus.

Excédant de la valeur du produit brut sur celle des frais de production, parmi lesquels doit être compris, avec le salaire du cultivateur, le remboursement ou amortissement des dépenses faites dans l’exploitation, la rente foncière, — je l’appelais fermage en 1840, — existe tout aussi bien pour le propriétaire lorsqu’il cultive lui-même que lorsqu’un fermier cultive à sa place. Par elle, les manufacturiers sont, ainsi que les cultivateurs non propriétaires, exclus du partage de la terre, de la jouissance gratuite de la matière, des forces naturelles non créées par l’homme. Ils ne peuvent en jouir qu’onéreusement, avec la permission des propriétaires fonciers, auxquels ils cèdent, pour avoir cette permission, une part de leurs produits ou de leurs salaires. Qu’ils la leur cèdent directement ou indirectement, peu importe ; la rente foncière est un impôt perçu par les propriétaires fonciers sur tous les salaires, y compris les leurs. Et comme cet impôt n’est pas la rémunération d’un travail, comme il est autre chose que l’amortissement des dépenses faites sur la terre, je l’appelle aubaine.

« Suivant Ricardo, Mac-Culloch et Mill, le fermage proprement dit n’est autre chose que l’excédant du produit