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dustrie, de les mettre tous en présence les uns des autres, de leur apprendre à se connaître, et de leur proposer, sans qu’il leur en coûtât ni peine ni sacrifice, de faire euxmêmes leurs affaires.

C’est sur cette Interversion générale des rapports économiques que nous avons basé le nouveau système d’ordre public auquel, selon nous, toute la France, mais surtout la démocratie travailleuse, aspire ; c’est à l’aide de cette permutation de l’autorité que nous avons procédé au rétablissement de l’équilibre des forces sociales.

Considérons maintenant quelle est, dans ce nouveau régime, la situation de classes ouvrières :

12. On compte de vingt-cinq à trente mille ouvriers en soie dans la seule ville de Lyon. Cette corporation célèbre s’étend fort au loin dans les campagnes des départements du Rhône et de l’Ain ; la cherté des loyers et des subsistances les chassent de plus en plus de la ville dans les communes rurales, où la misère ne cesse de les poursuivre.

Ces ouvriers, sans relations entre eux ni avec le consommateur, indigène ou étranger ; sans nulles connaissances des choses du commerce, sont depuis un temps immémorial la mine féconde qui enrichit tout un peuple de commissionnaires et de négociants, race égoïste, rapace, étrangère à tout sentiment humain, autant qu’au travail même.

L’ouvrier travaille ; le marchand et le commissionnaire récoltent et jouissent.

L’ouvrier produit ; le marchand et le commissionnaire exposent. Combien de noms d’ouvriers en soieries sont arrivés à l’exposition ?

Le marchand, par ses capitaux, accapare la matière pre-, : mière ; le commissionnaire accapare la commande : tous les deux, unis pour exploiter cette branche d’industrie, ne laissent qu’un maigre salaire à l’ouvrier, au producteur. Ca qui est vendu au consommateur 10 francs par les intermédiaires, spéculateurs et parasites, a coûté 3 francs à la fabrication !....